Nicotine du E-liquide et santé : compilation d’études scientifiques

La molécule de nicotine au coeur du débat sur la cigarette électronique

La molécule de nicotine au coeur du débat sur la cigarette électronique

Après avoir contextualisé la revue de littérature des Docteur Farsalinos et Polosa et présenté la méthodologie qui a permis d’aboutir à l’analyse de plus de 100 études sur la cigarette électronique, je vous propose aujourd’hui la traduction de la partie traitant le sujet épineux de la nicotine du liquide qui alimente les cigarettes électroniques et de la dépendance potentiellement induite. Vous découvrirez ainsi quels sont les véritables risques associés à la nicotine du E-liquide. Est-elle dangereuse pour le coeur ? Cancérigène ? Vous trouverez toutes les réponses à vos questions et étayées de références scientifiques précises dans les lignes qui suivent. Un bon moyen de tordre le cou à certaines idées reçues.

Si vous êtes intéressés par les autres éléments de la vaste étude des Docteurs Farsalinos et Polosa voici les différents éléments traduits par thème (les liens cliquables sont ajoutés progressivement) :

- Introduction et méthodologie (épisode 1),
- Nicotine, cigarette électronique et dépendance (épisode 2 = l’article que vous êtes en train de lire),
Les études sur la composition chimique des produits (épisode 3),
Les études toxicologiques (épisode 4),
Les études cliniques et les enquêtes (épisode 5),
Tabagisme et vapotage passif (épisode 6),
Risques de la ecigarette : tabagisme des jeunes, intoxication à la nicotine, explosion (épisode 7),
- La cigarette électronique : positive pour certaines pathologies ? (épisode 8).
Synthèse et conclusion de la revue de littérature sur la ecigarette (épisode 9).

L’intégralité de l’étude est disponible en anglais sur le site en téléchargement  : Safety evaluation and risk assessment of electronic cigarettes as tobacco cigarette substitutes: a systematic review.

Les cigarettes classiques sont la forme la plus commune de délivrance de nicotine. Les maladies liées au tabagisme sont physiopathologiquement attribuées au stress oxidatif, à l’activation des voies inflammatoires et à l’effet toxique de plus de 4000 produits chimiques et cancérigènes présents dans la fumée de tabac [ Environmental Protection Agency, 1992 ]. De plus, chaque bouffée contient plus de 1 × 1015 radicaux libres [ Pryor et Stone, 1993]. Tous ces produits chimiques sont émis surtout durant le processus de combustion, qui est absent dans les cigarette électronique.

Bien que le potentiel addictif de la nicotine et des composés connexes soit largement documenté [ Guillem et al.2005 ], il y a beaucoup moins de travaux sur le fait que la nicotine ne soit pas liée aux maladies du tabagisme. Elle n’est pas classée comme une substance cancérogène par le Centre international de Recherche sur le cancer [ OMS – CIRC, 2004] et ne favorise pas les maladies pulmonaires obstructives. Un grand malentendu, généralement colporté même par les médecins, est que la nicotine favoriserait les maladies cardiovasculaires. Cependant, il a été établi que la nicotine seule a un effet minime sur l’apparition et le développement de maladie cardiaque athérosclérotique [ Ambrose et Barua, 2004]. Elle  ne favorise pas l’agrégation plaquettaire [ Zevin et al. 1998 ], n’affecte pas la circulation coronaire [ Nitenberg et Antony, 1999 ] et n’altère pas négativement  le profil lipidique [ Ludviksdottir et al. 1999 ]. Une étude de plus de 33 000 fumeurs ne trouve aucune preuve d’un risque accru d’infarctus du myocarde ou d’accident vasculaire cérébral aigu après les traitements de remplacement nicotinique même si le suivi était de seulement 56 jours[ Hubbard et al. 2005]. L’utilisation de gomme nicotinée pendant plus de 5 ans d’après la Lung Health Study n’était pas liée à des maladies cardio-vasculaires ou à d’autres effets secondaires graves [ Murray et al. 1996 ]. Une méta-analyse de 35 essais cliniques n’a trouvé  aucune preuve de maladies cardiovasculaires ou d’autres effets indésirables potentiellement mortelles causées par l’apport de nicotine [ Groenland et al., 1998]. Même chez les patients atteints de maladie cardiovasculaire, l’utilisation de la nicotine sous forme de substitut nicotinique n’augmente pas le risque cardiovasculaire [ Woolf et al. 2012; Benowitz et Gourlay, 1997]. Il est prévisible que tout produit délivrant de la nicotine sans impliquer de combustion, telle que la cigarette électronique, aura un risque significativement plus faible par rapport à des cigarettes classiques et à d’autres produits combustibles contenant de la nicotine.

Les principaux substituts nicotiniques pharmaceutiques

Les principaux substituts nicotiniques pharmaceutiques

L’ importance de l’utilisation de la nicotine sur le long terme a été reconnue il y a plusieurs années par Russell, ce qui indique que le potentiel des dispositifs de délivrance de nicotine comme alternatives à long terme pour le tabac devraient être exploré afin de faire de l’élimination du tabac une cible réaliste [ Russell,1991 ]. Cependant, la réglementation en vigueur limite l’utilisation à long terme de produits pharmaceutiques ou des produits de nicotine de loisir (comme le snus ) [ Le Houezec et al. 2011].

En d’autres termes, l’apport de la nicotine a été diabolisé, mais il semble qu’en plus d’être utile pour arrêter de fumer, elle peut même avoir des effets bénéfiques pour une variété de troubles tels que la maladie de Parkinson [ Nielsen et al. 2013], la dépression [ McClernon et al. 2006 ], la démence [ Sahakian et al. 1989 ] et la colite ulcéreuse [ Guslandi, 1999 ]. De toute évidence, la dépendance potentielle est un facteur important dans la décision d’approuver l’administration de la nicotine, mais elle doit être considérée comme « dommage collatéral » léger avec un impact minime sur la santé des vapoteurs par rapport à l’énorme avantage d’éliminer toute substances liées aux maladies venant du tabagisme. En fait, les fumeurs sont déjà accros à la nicotine, par conséquent l’utilisation d’une forme de délivrance « propre» de nicotine ne représenterait pas un risque supplémentaire de dépendance. Des enquêtes ont montré que les cigarettes électroniques sont utilisés comme substituts à long terme au tabagisme [ Dawkins et al. 2013; Etter et Bullen, 2012] Bien que les consommateurs tentent de réduire l’utilisation de la nicotine avec la cigarette électronique, beaucoup sont incapables d’arrêter complètement son admission, ce qui indique un rôle important pour la nicotine dans l’efficacité de la cigarette électronique en tant que substitut au tabac [ Farsalinos et al. 2013b ].

Le surdosage de la nicotine ou l’intoxication a peu de chance de se produire avec le vapotage, puisque la quantité consommée [ Farsalinos et al. 2013c ] et absorbée [ Nides et al. 2014; Dawkins et Corcoran, 2013] est tout à fait faible. En outre, bien que n’étant pas encore prouvé, on s’attend à trouver que les vapoteurs auto-régulent leur dose de nicotine pour obtenir un apport similaire à la cigarette classique [ Benowitz et al., 1998]. Dernier point, mais non des moindres, il y a des indices suggérant que la nicotine ne peut pas être délivrée aussi rapidement et aussi efficacement avec les cigarettes électronique qu’avec les cigarettes classiques [ Farsalinos et al. 2014 ]. Par conséquent, il semble que les cigarettes électronique ont un avantage théorique énorme en termes de risques pour la santé par rapport aux cigarettes classiques en raison de l’absence de produits chimiques toxiques qui sont générées en grandes quantités par la combustion. En outre, il est peu probable  que la délivrance de nicotine par la cigarette électronique puisse représente un important problème de sécurité en particulier lorsque l’on considère qu’elles sont destinées à remplacer les cigarettes classique, le produit de délivrance de nicotine le plus efficace.

Pour Jean Pol Tassin la nicotine seule n'est pas addictive

Pour Jean Pol Tassin la nicotine seule n’est pas addictive

Dommage par contre que les auteurs n’aillent pas au-delà en faisant aussi un point sur le véritable dépendance induite par la nicotine. Comme je l’ai précisé à plusieurs reprises de nombreux travaux remettent en cause le fait que la nicotine aurait un caractère addictif. Je pense notamment aux travaux du Professeur Molimard (père de la tabacologie) ou encore de Jean Pol Tassin (neurobilogiste et directeur de recherche à l’Inserm). La nicotine est-elle par exemple plus addictive que la caféine ? Il semble aujourd’hui que la réponse à cette question ne soit pas si évidente.

 

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Sylvain Filatriau

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