La cigarette électronique chez les jeunes : une porte d’entrée vers le tabagisme ?

Jeunes et tabagisme, quel rôle joue la cigarette électronique ?

Jeunes et tabagisme : initiation par la Ecigarette ?

Depuis plusieurs semaines on lit dans la presse des extraits d’une étude sur les écoles parisiennes qui aurait montré que la cigarette électronique serait une forme d’initiation à la cigarette chez les jeunes. Cette étude vient d’être publiée dans le Open Journal of Respiratory Disease. Elle est coécrite par Bertrand Dautzenberg, Pierre Birkui, Maryvonne Noël, Johanna Dorsett, Monique Osman et Marie-Dominique Dautzenberg. C’est une exploitation de l’enquête Paris Sans Tabac, menée auprès d’un échantillon d’élèves parisiens et plus particulièrement de la question « Avez vous déjà essayé la cigarette électronique ? ». Les conclusions sont les suivantes : « Pour un adolescent, la E-cigarette est devenue non pas un produit pour aider à arrêter de fumer, mais un produit d’expérimentation et d’initiation à la consommation de la cigarette. Il est urgent d’établir une réglementation pour contrôler l’utilisation naissante par les enfants de ce nouveau produit du tabac ». Je vous propose une analyse critique et objective de cet article.

Pour vous faire votre propre opinion, l’intégralité de l’étude est disponible en anglais sur ce lien. Je propose également une traduction ci-dessous. Si vous constatez des erreurs ou des imprécisions, n’hésitez pas à me le signaler.

Les boutiques de cigarettes électroniques ont besoin d’une réglementation sur la vente aux jeunes

Il y a un point sur lequel je rejoins totalement les auteurs de cette étude, il est clair qu’il faut une réglementation pour les jeunes concernant la vente de cigarettes électroniques. Actuellement toutes les boutiques sérieuses n’acceptent pas la vente de cigarette électronique à des mineurs pour des raisons éthiques évidentes. Et pourtant ces boutiques sont probablement hors-la-loi…

En effet, il n’y a pas de réglementation précise sur un âge minimum de vente pour les Eliquides et la cigarette électronique. Dès lors puisqu’un commerce n’a pas le droit de refuser une vente, une boutique de cigarette électronique pourrait potentiellement être attaquée en justice par un jeune à qui on refuserait un achat. Bien entendu ce cas de figure est très improbable et tout le monde sera d’accord pour comprendre que les boutiques de cigarette électronique refusent de vendre leurs produits à des mineurs. Rappelons au passage que certains produits de substitut nicotinique comme les patchs peuvent être vendus à des enfants âgés de plus de 15 ans, lire ici.

Quoiqu’il en soit, sur ce point, il y a indiscutablement un consensus, les boutiques sérieuses sont bien entendu totalement favorables à une interdiction pure et simple de la cigarette électronique chez les moins de 18 ans.

Des conclusions hasardeuses sur le caractère initiateur de la cigarette électronique

L’échantillon de l’enquête Paris sans Tabac est conséquent et permet de produire des statistiques relativement robustes. Les auteurs font preuve d’une certaine rigueur en affichant à plusieurs reprises les intervalles de confiance des indicateurs étudiés.
Par contre le fait que l’étude repose essentiellement sur la question « avez-vous déjà essayé la cigarette électronique ? » est extrêmement réducteur. Les auteurs produisent une batterie de statistiques descriptives dans la partie « Résultats » et restent factuels. Même si on pourrait s’interroger sur la pertinence des croisements effectués et sur l’angle de l’analyse, les résultats sont incontestables, si ce n’est qu’à plusieurs reprises, l’initiation et l’utilisation de la cigarette électronique ne sont pas très clairement distinguées. Cela porte à confusion et peut conduire à des interprétations fallacieuses. Les auteurs concluent que la cigarette électronique n’est pas pour les jeunes un produit pour arrêter de fumer. Or, même si cette assertion est loin d’être absurde, il est impossible d’établir cette conclusion à partir de l’enquête car il y a des caractéristiques inobservables potentiellement liées au fait de ne pas vouloir arrêter de fumer et le fait d’avoir essayé la cigarette électronique.

Affirmer que la cigarette électronique est un produit d’initiation à la cigarette, c’est-à-dire que des jeunes basculeraient vers le tabagisme à cause de la cigarette électronique est encore plus contestable car il est impossible à partir des quelques éléments de statistiques descriptives d’établir cette conclusion. L’utilisation d’un test du χ² pour établir la non-indépendance entre le statut de fumeur et l’expérimentation de l’e-cigarette ne permet absolument pas de conclure qu’il y a un quelconque lien de causalité.

Karl Pearson
Karl Pearson, l’un des fondateurs des statistiques modernes, à l’origine du test du χ²

Je renvoie les non spécialistes à ce petit précis d’usage des statistiques à l’attention des non statisticiens et notamment l’exemple bien connu de la p 14: « Il faut prendre garde à ne pas surinterpréter les résultats et garder à l’esprit que l’existence d’une relation statistiquement significative entre des variables ne signifie pas que l’une détermine l’autre. Exemple : Il est prouvé quiil existe une corrélation entre le nombre de glaces consommées et le nombre de cambriolages. Peut-on pour autant en conclure que le fait de manger des glaces entraîne un sursaut des cambriolages ? Evidemment non. Les résultats sont en réalité ici le fait d’une variable cachée : la consommation de glaces augmente en été, tout comme le nombre de cambriolage (les voleurs profitant de l’absence des propriétaires lors de la période estivale pour réaliser leurs méfaits). »

Afin de connaître précisément le lien de causalité entre l’essai de la cigarette électronique et le tabagisme, il faudrait par exemple pouvoir mener une étude économétrique et corriger les potentiels biais d’endogénéité sous jacent et si possible disposer de données longitudinales. On en est bien loin dans cette courte étude qui traite uniquement des liens entre des variables et non de causalité.

Il serait très intéressant de pouvoir ajouter dans la prochaine enquête « Paris Sans Tabac » des questions pour avoir plus de précisions sur l’initiation : avoir une idée de comment les jeunes se sont procurés la cigarette électronique qu’ils ont essayée et si c’était une jetable, si elle contenait du eliquide nicotiné, pourquoi ils l’ont essayée…De plus il faudrait ajouter des questions pour connaître la population de ceux qui l’utiliseraient régulièrement et avoir une idée de leur consommation. Il serait également intéressant de demander aux fumeurs s’ils considèrent que la cigarette électronique a été une initiation au tabac ou s’ils pensent que dans tous les cas ils auraient commencé à fumer.

Mais ajouter des questions a un coût et il est peu probable que l’étude « Paris Sans Tabac » soit véritablement adaptée pour trancher ces questions. Il y a déjà tant à faire pour empêcher les jeunes de commencer à fumer des cigarettes classiques dont on connaît parfaitement la nocivité et l’addiction.

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Sylvain Filatriau

Traduction de l’étude : « Cigarette électronique : un nouveau produit du tabac pour les élèves parisiens »

Auteurs : Bertrand Dautzenberg, Pierre Birkui, Maryvonne Noël, Johanna Dorsett, Monique Osman et Marie-Dominique Dautzenberg

Résumé de l’étude :

Objectifs : Etudier si la baisse spectaculaire du prix de l’e-cigarette a fait de ce nouveau produit un produit utilisé pour l’initiation au tabac chez une population adolescente.

Méthodes : Les auteurs ont ajouté une question en 2012 sur l’e-cigarette dans l’enquête annuelle sur la consommation du tabac chez les jeunes parisiens.
L’étude est menée depuis 1991 sur un échantillon sélectionné aléatoirement de 2% des classes.

Résultats : 277 (8,1%) des 3 409 jeunes étudiés (dont 575 n’ayant pas répondu à cette question) ont déclaré avoir eu une expérience avec l’e-cigarette. Ce taux est de 6,4% chez les 12-14 ans, de 11,8% parmi les 15-16 ans et de 9% chez les jeunes de 17 ans. Parmi les 12-14 ans, 64,4% de ceux qui ont expérimenté la cigarette électronique étaient non-fumeurs. Parmi les adolescents de 17 ans qui ont utilisé la cigarette électronique, 12,4% étaient non-fumeurs. Pour l’ensemble de la population, 33,2% de ceux ayant essayé l’e-cigarette sont non-fumeurs, 22,7% des fumeurs occasionnels, 3,6% des ex-fumeurs et 40,4% des fumeurs quotidiens. Ceux qui expérimentent le cannabis, la chicha ou l’intoxication alcoolique aiguë sont plus souvent des utilisateurs de la cigarette électronique. Dans le groupe de fumeurs, il ya une tendance inverse entre la volonté de cesser de fumer et le taux d’utilisation de la cigarette électronique.

Conclusion : Pour un adolescent, la E-cigarette est devenue non pas un produit pour aider à arrêter de fumer, mais un produit d’expérimentation et d’initiation à la consommation de la cigarette. Il est urgent d’établir une réglementation pour contrôler l’utilisation naissante par les enfants de ce nouveau produit du tabac.
L’intégralité de l’étude est disponible en anglais ici.

1. introduction
Le principe de l’E-cigarette est né d’une idée de Herbert A. Gilbert, qui en 1965 a breveté un dispositif qui partage les principales caractéristiques de la cigarette électronique. L’histoire de l’e-cigarette a donc redémarré au début du XXIème siècle. L’invention de l’e-cigarette est attribuée à Hon Lik, pharmacien chinois. Le premier prototype de cigarette électronique utilise une batterie au lithium pour produire l’énergie permettant de vaporiser le glycérol et une solution de nicotine à travers un dispositif piézo-électrique. Le début de chaque bouffée est contrôlé par une soupape s’ouvrant à la demande. La production d’aérosol ultrasonique a depuis été remplacée par un élément chauffant pour les e-cigarettes commercialisées. Le dispositif a d’abord été introduit sur le marché intérieur chinois en mai 2004 en tant qu’aide pour le sevrage tabagique. Ensuite, l’exportation a commencé en 2005-2006, avant un brevet international en 2007. L’efficacité de l’e-cigarette pour le sevrage du tabac n’a pas été montré. De nombreuses autorités sanitaires refusent de dire que ce produit est bénéfique pour le sevrage tabagique, en l’absence d’études. Plus récemment, ce produit a été vendu pour être utilisé là où fumer est interdit, mais de nombreux responsables de lieux privés ou publics, tels que les compagnies aériennes, ont pris l’initiative d’y interdire l’utilisation de la cigarette électronique. Aujourd’hui, ce produit est le plus souvent vendu comme une nouvelle alternative aux fumeurs. La cigarette électronique n’est pas chère parce qu’elle n’est pas imposée comme les produits du tabac et parce que récemment de nouvelles cigarettes électroniques jetables ont été commercialisées. Ce produit pas cher constitue potentiellement une porte d’entrée à l’utilisation du tabac chez les adolescents en raison d’une baisse des prix de 60 à 100 € à moins de 6 à 10 €. La présente étude a été conduite pour voir si l’assertion que les e-cigarettes sont devenues un nouveau produit d’initiation au tabac est justifiée ou non. Nous avions introduit une question sur l’e-cigarette dans l’enquête transversale « Paris Sans Tabac ».

2. méthodes
Une enquête transversale est menée tous les ans via un questionnaire d’une page par « Paris Sans Tabac » sur 2% d’étudiants choisis au hasard par classe afin d’obtenir un échantillon représentatif des 188.000 élèves de Paris. Des questionnaires anonymes ont été distribués et recueillis avec l’aide des autorités scolaires de Paris. L’étude fournit des données annuelles sur le tabagisme chez les élèves parisiens avec la même méthodologie depuis 1991. Une question sur le e-cigarette a été ajouté en 2012, comme celle que nous avions sur la Chicha il ya dix ans. Cette question est «avez-vous déjà utilisé une e-cigarette? » La non-indépendance entre le statut de fumeur et l’expérimentation de l’e-cigarette a été évalué par un test du Chi-2. Le risque relatif (RR) avec un intervalle de confiance de 95% a été utilisé pour comparer l’expérimentation de l’e-cigarette selon avec l’utilisation d’autres substances.

3. Résultats
Un total de 3409 élèves de 12 à 19 ans ont été interrogés au cours du premier trimestre de 2012. 49,5% étaient des filles. L’âge moyen de cette population est de 15,3 ans. Dans cette population, le pourcentage de fumeurs occasionnels de tabac augmente de 6% à 12% entre 12 et 14 ans, puis reste proche de 12%. Le taux de tabagisme augmente de 5% pour les élèves de 13 ans à 25% pour ceux de 18 ans. Un total de 277 adolescents indiquent avoir utilisé des e-cigarettes, 2557 ne jamais en avoir utilisé et 575 n’ont pas répondu. La réponse à cette question (taux de réponse de 83,2%). Parmi les élèves qui ont déjà utilisé la e-cigarette, 47 indiquent ne jamais avoir utilisé de cigarettes ordinaires (18,6% de ceux ayant essayé la e-cigarette). Le pourcentage d’adolescents indiquant avoir essayé la e-cigarette est de 6,4% pour les élèves de 12 à 14 ans, 11,8% chez les 15 à 16 ans, 19% chez ceux de 17 ans et il tombe à 9,3% pour les élèves de 18 – 19 ans. Jusqu’à l’âge de 17 ans, les filles sont plus nombreuses à avoir essayé la cigarette électronique que les garçons, avec un maximum à l’âge de 17 ans pour les filles (23,2%).

Figure 1. Pourcentage d’utilisation de la E-cigarette par des adolescents, ventilé par sexe et âge de ceux qui ont expérimenté. Réponse à la question : «avez-vous déjà utilisé une e-cigarette? « de l’enquête PST 2012 Enquête sur 3409 Écoliers parisiens.
Le taux d’expérimentation de la e-cigarette varie en fonction du statut tabagique (test du chi2, p <0,05) : 4,4% des non-fumeurs, 16,4% des fumeurs occasionnels, 19,6% des anciens fumeurs et 33,4% des fumeurs réguliers ont essayé la e-cigarette. Mais comme le fait de fumer des cigarettes ordinaires est faible entre 12 et 14 ans, 64,4% de ceux qui ont essayé la e-cigarette parmi ces jeunes ne sont pas des fumeurs de cigarette ordinaires. Parmi les 421 adolescents fumeurs quotidiens, 112 avaient essayé la e-cigarettes (26,7%). Le taux d’utilisateur de cigarette électronique a tendance à être plus faible pour ceux qui envisagent de cesser de fumer maintenant (26%), ou dans les 6 prochains mois (25%), comparer à ceux qui envisagent de cesser de fumer plus tard (37%) ou n’ayant pas l'intention d'arrêter de fumer du tout (33%). Une tendance à la relation inverse existe entre le fait d’avoir déjà utilisé la e-cigarette et le fait d’avoir l’intention d'arrêter de fumer la cigarette classique (RR 1,58; IC 95%: 0,89 - 2,80). L'expérimentation de la e-cigarette est plus fréquent chez les 12-15 ans qui n'ont jamais essayé la chicha (RR = 6,75, IC 95%: 4,84 à 9,41) et beaucoup plus fréquent chez les 16-19 ans qui ont déjà utilisé la chicha (RR = 14,81, IC 95%: 7,54 -29,06). L'expérimentation de la e-cigarette est plus fréquente sur la population ayant déjà essayé le cannabis : chez les 12-15 ans (RR = 5,52, IC 95%: 4,15 à 7,35) et chez les 16- 19 ans (RR = 9,09, IC 95%: 6,12 -13,50). L'expérimentation de l'e-cigarette est plus fréquente chez la population des 12-15 ans qui ont déjà expérimenté plus de 4 fois le fait d’avoir bu 3 verres d'alcool le même jour (RR= 8.60; (IC 95%: 5,71 à 12,96), il en est de même pour la même population des 16 - 19 ans (RR = 3,44, IC 95%: 2,94 à 4,03). 4. discussion
C’est l’une des premières études à notre connaissance, qui fournit des données sur l’utilisation de la cigarette électronique chez les adolescents européens. Dans notre étude, l’e-cigarette est apparu récemment sur le marché français marché et est rapidement devenu un produit familier pour les jeunes élèves parisiens. La population des élèves de 12 à 15 ans fournit une bonne image de l’ensemble de cette population sur Paris. Pour les 16-19 ans, l’échantillon est représentatif de la population des l’école de Paris, mais pas de la population générale, car certains adolescents quittent l’école quand ils atteignent 16 ans et de nombreux adolescents de 16-19 ans viennent de la banlieue de Paris suivre leurs dernières années d’école à Paris. Le taux d’utilisation du cannabis et l’expérimentation de « l’intoxication alcoolique aiguë » chez les adolescents est très différente selon le sexe, mais l’expérimentation de l’e-cigarette est assez également réparti selon le sexe. Les utilisateurs ont pour la plupart de 14 à 17 ans (10,6% chez les filles contre 9,1% chez les garçons (NS)). Les adolescents plus âgés (18-19 ans) avaient un taux inférieur d’essai l’e-cigarette, probablement parce qu’ils n’ont pas été exposés à des e-cigarette avant de commencer la cigarette classique, à un moment où l’e-cigarette jetable n’était pas disponible. L’essai de la cigarette classique et du tabac a principalement lieu à 14-17 ans dans les études PST. Nos données sont comparables avec l’âge de l’expérimentation pour l’e-de cigarette. Dans notre étude, il y a un lien évident entre l’expérimentation du cannabis, de la chicha ou de « l’intoxication alcoolique aiguë » et l’expérimentation de l’e-cigarette chez les adolescents. Il ya aussi un lien étroit avec le statut du tabagisme, mais il n’y a pas de lien positif entre le fait d’avoir essayé la E-cigarette et le fait d’avoir l’intention d’arrêter de fumer. Dans notre étude, la tendance est inversée. La E-cigarette est utilisé par les adolescents parisien pour expérimenter de nouvelles sensations, pas pour diminuer l’usage du tabac. La E-cigarette est clairement un produit d’initiation à la cigarette et pas un produit d’arrêt du tabac pour cette population adolescente.
Quatre études sur l’utilisation de la E-cigarette sont disponibles dans Medline en Novembre 2012.
Une enquête par email axée sur le consommateur a été réalisée aux États-Unis sur 10 587 adultes (≥ 18 ans) en 2009 et 10.328 adultes en 2010. Le nombre de personnes ayant déjà essayé a plus que quadruplé entre 2009 (0,6%) et 2010 (2,7%). L’utilisation de l’e-cigarette est plus fréquente chez les femmes et les personnes ayant un faible niveau d’étude. Comme dans notre étude, les fumeurs étaient les plus susceptibles d’essayer la e-cigarettes. Cependant, comme dans notre étude chez les adolescents, les fumeurs qui ont essayé les cigarettes électroniques n’ont pas dit qu’ils avaient l’intention d’arrêter de fumer plus souvent que les fumeurs qui ne les avait jamais essayés.
Une étude chez les adultes américains fournit les données de 2 études menées en 2010 : une étude nationale en ligne (n = 2 649) et une cohorte longitudinale de fumeurs (n = 3658) d’ une autre enquête en ligne. L’utilisation de l’e-cigarette était plus élevée chez les fumeurs (11,4%, IC 95%: 9,3 à 14,0) que chez les anciens fumeurs (2,0%, IC 95%: 1,0 – 3,8) ou chez les non-fumeurs (0,8%, IC à 95%: 0,35 – 1,7).
Une étude menée en Corée s’appuie sur les données du Health Promotion Fund Project sur ceux qui avaient essayé les cigarettes électroniques parmi les adolescents de cinq écoles en Corée. Dans l’ensemble, 444 (10,2%) des étudiants ont répondu comme ayant vu ou entendu parlé des e-cigarettes. Seulement vingt-deux étudiants qui ont vu ce produit ont signalé avoir utilisé la e-cigarette (0,5% de la population de la population étudiante de l’étude). Les vecteurs de l’information sur les cigarettes électroniques sont l’Internet (249, 46,4%), les amis (150, 27,9%), la télévision (59, 11,0%), les livres (50, 9,3%) et autres (29, 5,4%). Ces données ont été recueillies avant la disponibilité de l’e-cigarette jetable.
Plus récemment, en Pologne, une vaste enquête menée dans les écoles secondaires en 2011 a montré que 23,5% des étudiants âgés de 15 à 19 ans avaient déjà utilisé des e-cigarettes et que 8,2% l’avaient fait au cours des 30 jours précédents. Il est dans le même ordre de grandeur mais plus élevé que ce qui ressort de notre étude pour les étudiants parisiens. Comme dans notre étude, en Pologne, un nombre significatif d’étudiants n’ayant jamais fumé ont déclaré avoir déjà utilisé des e-cigarettes (3,2%).
Comparé aux études déjà publiées, nos objectifs de 2012 montre chez les adolescents un taux d’expérimentation dix fois plus élevé que le celui des étudiants coréens en 2008, deux fois plus élevé que dans la population adulte américaine en 2010, mais inférieur à celui de l’étude polonaise. L’utilisation des e-cigarettes chez les fumeurs occasionnels de cigarettes classiques et la consommation générale sont élevées dans notre étude sur les adolescents. Chez l’adulte, une étude américaine ne montre pas de lien entre l’intention d’arrêter le tabac. Dans notre étude sur les adolescents il y a une corrélation inverse : les adolescents qui fument quotidiennement et envisagent d’arrêter de fumer sont moins souvent utilisateurs de e-cigarettes.
L’essai de la cigarette électronique est en forte expansion chez les adolescents. La majorité de l’initiation chez les 12 et 14 ans se produit chez des non fumeurs. L’utilisation de la E-cigarette chez les fumeurs qui envisagent d’arrêter de fumer rapidement était moindre que chez ceux qui n’ont pas l’intention d’arrêter de fumer. La E-cigarette est utilisée comme un nouveau produit du tabac. Pour éviter cette initiation et cette utilisation en tant que produit d’initiation, nous recommandons de réglementer les cigarettes électroniques comme cela est fait pour les autres produits du tabac (ou les médicaments), d’interdire toute promotion et la vente dans les magasins ou sur Internet pour les adolescents de moins de 18 ans. Le nouveau projet de directive de l’UE sur les produits du tabac ouvre la voie à l’article 18 de la réglementation des produits autres que le tabac qui diffusent de la nicotine. La prévention de l’usage de l’e-cigarette chez les adolescents est nécessaire dans ce nouveau règlement.

5. Remerciements
Ce travail a été réalisé avec l’aide des autorités des écoles de Paris (Rectorat de l’Académie de Paris); PST est soutenue par la section parisienne de l’assurance nationale (CPAM) et l’OFT reçoit un soutien du Ministère français de la santé (DGS ) pour évaluer la cigarette électronique.

3 réflexions au sujet de « La cigarette électronique chez les jeunes : une porte d’entrée vers le tabagisme ? »

  1. Ping : Paris children used as pawns in EU e-cigarette battle | Tobacco Harm Reduction: News & Opinions

  2. Bonjour Sylvain et l’équipe.
    À propos de cette étude, le Blog UnAirNeuf.org a publié hier un article contenant une analyse des chiffres, avec une reconstitution du panel de jeunes, pour y comprendre qq’chose.
    Mais comme la reconstitution n’est pas aisée, l’étude étant floue et certains chiffres erronés, j’aimerais votre avis sur cette reconstitution, pour pouvoir encore l’améliorer.
    Une discussion autour de cette étude a également lieu sur le grand forum :
    http://www.forum-ecigarette.com/articles-medias-f756/d-ou-sortent-les-chiffres-de-bertrand-dautzenberg-t76508-120.html#p1726413
    Merci !

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