La cigarette électronique aiderait à arrêter de fumer selon une étude longitudinale

La cigarette électronique pourrait aider à arrêter de fumer et à ne pas remploger

La cigarette électronique pourrait aider à arrêter de fumer et à ne pas replonger

Une nouvelle étude publiée dans la revue internationale Addictive Behaviors  fin octobre 2013 vient de confirmer que la cigarette électronique pourrait avoir un impact sur l’arrêt du tabac et constituer une aide pour ne pas replonger. Ces travaux sont dans la continuité de l’étude publiée récemment dans la revue internationale The Lancet par une équipe de chercheurs néozélandais et qui concluait déjà que la cigarette électronique était au moins aussi efficace que le patch pour arrêter de fumer et meilleure pour diminuer sa consommation. Cette étude qui repose sur un suivi longitudinal d’un échantillon d’utilisateurs de cigarette électronique a été menée par le Professeur Etter (Université de Genève) et le Professeur Bullen (Université de Auckland). Le premier a récemment écrit un livre sur la cigarette électronique (la vérité sur la cigarette électronique), le second est co-auteur de l’étude parue dans The Lancet. Les conclusions sont encore une fois très encourageantes car l’ensemble des études sur la cigarette électronique montrent qu’elle serait nettement moins nocive que le tabac fumé. Dès lors elle permettrait de réduire considérablement les risques pour les fumeurs.

« Une étude longitudinale sur les utilisateurs de cigarette électronique »

Le résumé de l’étude est disponible en anglais ici. L’intégralité de l’étude doit être achetée sur le site.

Chris Bullen - Université de Auckland

Chris Bullen – Université de Auckland

Auteurs : Jean-François Etter (Université de Genève) et Chris Bullen (Université de Auckland)

Financement : Fonds de prévention du tabagisme (Suisse)

Objectif : Évaluer sur 12 mois le changement de comportement chez les utilisateurs de cigarettes électroniques (« vapoteurs »).

Méthodes : Etude longitudinale via internet sur 2011-2013. Les participants ont été recrutés sur des sites dédiés aux cigarettes électroniques et au sevrage tabagique. L’utilisation de la Ecigarette et du tabac a été évalué sur une cohorte au moment de la première interrogation, après un mois (échantillon de 477) et un an (échantillon de 367)

Résultats : La plupart des participants (72%) étaient d’anciens fumeurs et 76% utilisaient leur e-cigarettes tous les jours. Au départ, en moyenne, les utilisateurs utilisaient la cigarette électronique depuis 3 mois, prenaient 150 aspirations par jour avec des eliquides dosés en nicotine à 16 mg/ml. Presque tous les vapoteurs quotidiens au début de l’étude l’étaient après un mois (98%), et un an après (89%). Parmi ceux qui vapotaient quotidiennement depuis moins d’un mois au début de l’étude, 93% vapotaient encore quotidiennement après un mois et 81% après un an. Sur les vapoteurs quotidiens, le nombre d’aspirations par jour n’a pas évolué entre le début de l’étude et un an après. Parmi les anciens fumeurs qui vapotaient quotidiennement seuls 6% avaient recommencé à fumer après un mois et 6% également après un an. Parmi les utilisateurs qui continuaient à fumer en même temps qu’ils vapotaient quotidiennement, 22% avaient arrêté de fumer
après un mois et 46% après un an. Parmi les utilisateurs qui fumaient encore la consommation de cigarettes a diminué de 5,3 cigarettes / jour après un mois ( de 11,3 à 6,0 cigarettes / jour , p = 0,006) , mais est resté inchangé entre le début de l’étude et après un an de suivi.

Conclusions:  Les cigarettes électroniques peuvent contribuer à la prévention des rechutes chez les anciens fumeurs et aider à l’abandon du tabac chez les fumeurs.

Mon analyse personnelle de l’étude

J’ai lu en détail l’étude et à mon avis il faut bien avoir à l’esprit certains points pour interpréter ces résultats. D’abord les chercheurs ont recrutés les participants de l’étude sur des sites spécialisés (forum notamment). 1 329 utilisateurs (dont 34% d’américains et 24% de français) ont participé à leur questionnaire initial dont 773 avaient fourni une adresse mail (condition sine qua non pour établir un suivi longitudinal). Or seuls 477 répondaient après un mois et 367 après un an. L’attrition de l’enquête est donc relativement importante et il y a inévitablement un biais car il est difficile d’imaginer qu’il y a une parfaite indépendance entre le fait de ne plus répondre aux mails des chercheurs et le fait de continuer à vapoter ou d’avoir arrêter de fumer. Il est assez complexe d’identifier le sens de ce biais mais il est manifeste. De même le processus de recrutement est discutable car s’appuie sur le volontarisme de vapoteurs. Personnellement, je n’ai pas du tout été surpris de la proportion d’utilisateurs de cigarette électronique qui continuait de vapoter un an après. Les participants ayant été pour certains recrutés sur des forums de passionnés, c’est assez naturel. Dès lors la persistance de l’utilisation de la cigarette électronique et la mesure d’un phénomène d’addiction potentiel est très contestable. Il est important de noter que ces points sont plus ou moins soulevés par les auteurs dans les limites de leur publication. Ils évoquent également l’absence de causalité dans leurs résultats mais simplement des corrélations. L’étude n’était pas contrôlée du point de vue du matériel. Le modèle le plus utilisé était une cigarette électronique ego ce qui est un bon point car c’était l’une des faiblesses de la précédente étude de Bullen qui avait fourni un modèle dépassé aux participants avec un seul type de liquide. A noter qu’on n’a pas d’information sur le type de liquide mais uniquement sur le taux de nicotine. il aurait été intéressant si la taille de l’échantillon avait été suffisante d’identifier l’importance du modèle et du liquide dans la cessation ou la réduction du tabac.

JF Etter auteur d'un livre sur la ecigarette poursuit de nombreuses études

De telles études sont extrêmement précieuses pour les fumeurs et les vapoteurs. Le Professeur JF Etter a récemment lancé une nouvelle étude visant à évaluer le taux de cotinine contenu dans la salive(la cotinine est le résultat de la dégradation de la nicotine par le foie). l’objectif étant de mesurer la quantité de nicotine inhalée par les utilisateurs de cigarette électronique. Des volontaires vapoteurs sont ainsi invités à faire un prélèvement salivaire et le renvoyer pour analyse. Ils seront informés de leurs résultats individuellement. De telles études reposant sur le volontariat des vapoteurs sont indispensables pour mieux comprendre l’impact de la cigarette électronique sur la santé. Couplées avec davantage d’études cliniques, souvent plus onéreuses, elles aideront les décideurs politiques à faire, on l’espère, les choix judicieux pour ne pas limiter l’accès à la cigarette électronique et pourquoi pas la promouvoir par l’intermédiaire du personnel de santé.

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Sylvain Filatriau

 

 

 

 

 

 

2 réflexions au sujet de « La cigarette électronique aiderait à arrêter de fumer selon une étude longitudinale »

  1. Excellentes remarques : quand les trois quarts des volontaires pour une étude disparaissent, on est en droit de relativiser les réponses de ceux qui restent. Ce sot les réponses de ces trois quarts là qui seraient les plus significatives quant à l’impact potentiel de la cigarette électronique. Mais on peut comprendre que monter une étude prospective auprès de personnes ne vapotant pas encore soit délicat !

  2. Ca ne m’étonne pas du tout. Moi ça fait maintenant plusieurs mois que j’ai totalement arrêté de fumer et je peux le dire, c’est grâce à la cigarette électronique car j’avais tenté les patchs avant. Pour moi le succès de la cigarette électronique est dû notamment à la possibilité de garder la geste du fumeur donc porter la cigarette ou la e-cigarette à la bouche pour tirer des bouffés.

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