Dossier/Test sur la cigarette électronique de 60 millions de consommateurs

Analyse du dossier de 60 millions de consommateurs sur la cigarette électronique et des tests de e-liquide

Analyse du dossier de 60 millions de consommateurs sur la cigarette électronique et des tests de e-liquide

Le journal 60 millions de consommateurs vient de publier dans son édition de janvier 2015 un nouveau dossier sur la cigarette électronique intitulé : « Cigarette électronique : vapoter sans risque en 2015 ? ». Je vous propose de vous présenter les principales conclusions du journal et mon analyse personnelle. En particulier, je vais revenir sur les tests de e-liquides et faire le point sur les e-liquides Flavour Art, malheureusement absents des tests de la revue alors que le fabricant est l’un des leaders mondiaux, n°1 en Italie et très bien implanté en France dans les boutiques spécialisées. Globalement, ce dossier va dans le bon sens après leur article polémique de septembre 2013 même si certains points restent discutables.

Un état des lieux de la cigarette électrique en France

60 millions de consommateurs propose pour ce mois de janvier, propice aux bonnes résolutions comme arrêter de fumer, un dossier sur la cigarette électronique. Après avoir sortie un article en septembre 2013, très critiqué par la communauté des vapoteurs et par les scientifiques spécialistes de la cigarette électroniques : voir ici, l’hebdomadaire s’appuie cette fois-ci sur les témoignages de Brice Lepoutre, président de l’Aiduce (Association Indépendante des Utilisateurs de Cigarette Electronique), et de scientifiques comme le Docteur Mathern et le Professeur Dautzenberg bien connus des vapoteurs. Même si l’article pourrait être plus précis sur certains aspects et qu’il subsiste encore quelques imprécisions ou erreurs (Ego n’est pas une marque de cigarette électronique et il existe de rares e-liquides qui sont directement issus du tabac par macérât), il dresse un portrait de la cigarette électronique en France en cette fin d’année 2014 assez réaliste. Au passage, les journalistes écrivent noir sur blanc que la cigarette électronique serait moins nocive que le tabac. Ils rappellent aussi que vapoter n’est pas anodin et qu’il faut donc des études scientifiques de son impact sur la santé sur le long terme. Sur ce point nous sommes tous d’accord !

Signature de la Directive européenne sur les produits du tabac

Signature de la Directive européenne sur les produits du tabac

L’article évoque la norme à venir de l’Afnor. Dommage cependant de ne pas avoir développé un peu plus les enjeux de la Tobacco Products Directive (TPD) qui a été adoptée par le Parlement Européen en février 2014 et très largement décriée par les vapoteurs militants. Pour rappel, sa mise en Å“uvre (d’ici mai 2016) signifierait entre autres la fin des clearomiseurs de plus de 2 ml (adieu par exemple les clearomiseurs Aspire Nautilus) et indépendamment de cela, certainement une réduction drastique de l’offre en liquide et matériel de cigarette électronique. Le DIY pourrait également être menacé. Pour ceux que ça intéresse, le détail des points sur la cigarette électronique de cette directive est disponible ici. En tous cas, si vous voulez défendre la vape, je ne peut que vous encourager à rejoindre l’Aiduce.

Des tests sur 30 e-liquides

Des tests sur un échantillon de 30 eliquides. Mais sur quelle base ?

Des tests sur un échantillon de 30 eliquides. Mais sur quelle base ?

60 millions de consommateurs a préféré ne pas reproduire la même erreur que dans son article de septembre 2013 en analysant les composés de la vapeur de e-liquide de cigarette électronique. En effet, l’absence de protocole précis avait ému plusieurs scientifiques qui travaillent sur la cigarette électronique. Surtout, la présence d’acroléine, déjà observée par des chercheurs en 2012 correspondait en réalité à une situation expérimentale irréaliste qui conduisait à une surchauffe du matériel.

Cette fois-ci, 60 millions de consommateurs se contente d’analyser les composés d’une trentaine de e-liquides. Malheureusement on ne connaît pas le mode de sélection de ces liquides dont certains sont peu présents sur le marché.

Leur analyse porte essentiellement sur le contrôle du niveau de nicotine, de propylène glycol, de glycérine végétale et sur la présence ou non d’éthanol et de vanilline.

Pour cela ils s’appuient sur de la chromatographie gazeuse et de la spectrométrie de masse (GC-MS) mais aussi sur de la chromatographie liquide et détection ELSD et détection UV.

Globalement, sauf rare exception, les dosages de nicotine sont conformes. Certains liquides contiennent de l’éthanol et/ou de la vanilline. Enfin, le journal s’est intéressé aux disponibles sur les flacons sans toutefois préciser ses critères de notation. Au final, plusieurs flacons ont été jugés insuffisamment informatifs.

Plutôt que de pointer du doigt la vanilline, pourquoi ne pas plutôt chercher des composants comme le diacétyle ?

Plutôt que de pointer du doigt la vanilline, pourquoi ne pas plutôt chercher des composants comme le diacétyle ?

L’article fustige l’utilisation de vanilline, notamment pour des liquides dits « arômes tabac » considérant qu’à l’instar des cigarettiers, les fabricants de cigarette électronique chercheraient à séduire les plus jeunes et à les rendre dépendants. De façon étonnante, le journal cite pourtant l’enquête Etincel de l’Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT) de novembre 2013 qui montre que la majorité des vapoteurs ont pour motivation première d’arrêter de fumer, voire à termes de ne plus avoir de dépendance à la nicotine. 60 millions de consommateurs est dans sa logique de prévention et d’avertissement du consommateurs. Il est exact que certaines personnes mal intentionnées pourraient décider d’ajouter des substances addictives dans des e-liquides. Mais en l’occurrence pour les e-liquides dit « tabac », il faut bien garder à l’esprit que sauf très rares exceptions, ils n’en contiennent pas du tout. Les aromaticiens cherchent donc à reproduire au mieux la cigarette du fumeur pour ceux qui recherchent exactement la même chose (ce qui rappelons le est impossible) ou à leur fournir une expérience plus agréable. Comme l’a montré le Docteur Farsalinos, la diversité des arômes est importante pour que le fumeur qui bascule vers la cigarette électronique. Les fabricants ne cherchent pas à flouer le consommateurs puisque souvent les notes de vanilles, de cacao ou de miel sont évoqués dans les descriptifs des eliquides dit « tabac ».

Dommage de ne pas avoir fait d’analyse sur la présence d’ambrox, de paraben ou de diacétyle.

Et les tests sur les liquides Flavour Art?

Il est vraiment dommage que l’hebdomadaire ne se soit pas intéressé aux liquides Flavour Art qui est tout de même le numéro 1 en Italie et l’un des leaders mondiaux. En plus on en trouve aujourd’hui pratiquement partout en France.

On ne saura donc jamais ce que ces tests auraient donnés, mais on peut être assez confiants. Flavour Art a investi dans bon nombre d’appareil de contrôle et d’analyse, dont un spectromètre de masse que l’on peut voir sur la vidéo ci-dessus). Les liquides sont garantis sans éthanol, ambrox, paraben ou diacétyle et les dosages en nicotine sont contrôlés régulièrement par un laboratoire indépendant.

Surtout Flavour Art va bien au-delà de cette étude avec son projet Clearstream lancé il y a maintenant plusieurs années pour analyser la potentielle toxicité des arômes de cigarette électronique et dont on peut retrouver des résultats ici. Ce travail qui a notamment été mené par les Docteurs Romagna et Farsalinos est avant-gardiste et capital car il est évident que c’est le dosage en arômes et leurs compositions qui vont être scrutés dans les années à venir.

En conclusion, un article pas si mal que cela, qui va plutôt dans le bon sens avec malheureusement encore des raccourcis (exemple : la vanilline = porte d’entrée vers le tabagisme chez les jeunes et addiction renforcée), quelques imprécisions et des sujets cruciaux pour l’avenir et la sécurité de la vape qui ne sont pas abordés.

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Sylvain Filatriau

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