L’Union Européenne publie un baromètre très intéressant sur l’état de la vape en Europe

À l’instar du baromètre INPES sur la cigarette électronique publié par la France il y a quelques mois, l’Union Européenne vient, à son tour, de publier un baromètre européen sur la cigarette électronique et la prévalence tabagique.
Des chiffres très instructifs, en premier lieu desquels on peut lire que près de 14% des européens fumeurs ont réussi à se sevrer totalement grâce à la cigarette électronique.

Rappeler aux états membres l’imminence de l’application de la TPD

Cigarette électronique en Europe

Etat des lieux de la cigarette électronique en Europe

Cet eurobaromètre complet (214 pages!) a été publié fin mai 2015 dans le cadre de la journée sans tabac. Il est résumé en une infographie (en anglais) sur les attitudes des européens envers le tabac.
L’Union Européenne en profitait pour rappeler, aussi, la directive sur les produits du tabac (TPD), qui sera appliquée dans moins d’un an. D’ici là, chaque état européen doit transposer en droit local (c’est à dire en lois dans chaque état membre de l’Union Européenne) cette directive, qui limitera bien plus fortement l’activité du tabac, mais aussi, par assimilation indue par le tant décrié article 20, l’activité de la cigarette électronique sur notre continent.

Rappelons qu’en France, la TPD a été transposée dans le cadre de la loi Santé votée en avril 2015, avec pour effets à venir, entre autre, un encadrement plus strict des normes de la cigarette électronique, des lieux où le vapotage est autorisé, et de la publicité et communication autour de la cigarette électronique. Des points sont à définir plus précisément lorsque la Loi Santé sera débattue au Sénat (automne 2015), comme celle concernant les lieux de vapotage autorisés en entreprise, et, peut-être, une redéfinition des supports de communication autorisés pour la cigarette électronique dans le cadre de cette Loi Santé, mais l’essentiel des mesures appliquées en France sont héritées de cette TPD.

Cet eurobaromètre nous donne des chiffres très instructifs : tout d’abord, près de 10 000 000 d’habitants (l’équivalent de la population de l’agglomération parisienne) sont des utilisateurs réguliers du vaporisateur personnel ; avec six fois plus d’européens l’ayant déjà expérimenté.

Un autre chiffre, quant à lui, peut susciter de l’inquiétude sur l’incompréhension liée à la cigarette électronique. En 2012, 27% des européens estimaient nocive la cigarette électronique. En 2015, ils sont 52% à l’estimer ainsi. Soit près du double.

En trois ans, la proportion d’européens estimant que la cigarette électronique est nocive a doublé

En préambule, rappelons qu’aucune étude n’a pour le moment établi que la cigarette électronique était nocive. Par ailleurs, même si la quasi totalité des spécialistes s’accordent à dire qu’il est très clairement préférable d’inhaler de la vapeur de cigarette électronique plutôt que de la fumée de tabac.

Ce doublement du sentiment des européens estimant nocive la cigarette électronique n’est, en réalité, pas si surprenant que cela.
Semaine après semaine, nombre d’études scientifiques et médicales vont dans le sens d’un risque faible, tout en précisant que des études au long terme doivent être menées et approfondies.
Mais malheureusement, ces études font rarement la Une des médias généralistes. Au contraire, ces mêmes médias affirment, parfois (et à leur insu) des contre-vérités, ou des informations biaisées, comme sur le formaldéhyde qui rendrait la vapeur 5 à 15 fois plus cancérigène que le tabac. Etude ayant fait le buzz, mais démentie dans la foulée par tous les experts du sujet. D’autres laisseraient sous-entendre que le marché de la cigarette électronique serait un peu trop perméable à l’industrie du tabac. D’autres médias ou même études diabolisent la nicotine, le plus souvent par méconnaissance, ou sans apporter la relativité nécessaire quant au rôle de la nicotine dans l’addiction, afin que le public puisse mieux appréhender le sujet.

Probabilité de sortie du tabac selon le type d'e-cigarette utilisé et la fréquence

Probabilité de sortie du tabac selon le type d’e-cigarette utilisé et la fréquence

Ce chiffre de 52% peut donc être perçu comme assez inquiétant, car il démontre que, si l’efficacité de la cigarette électronique comme moyen de diminution ou d’arrêt du tabac est de moins en moins remis en cause; une part croissante et majoritaire d’européens a un aperçu négatif sur le produit. Beaucoup uniquement par a priori (assimilation de toutes les cigarettes électroniques – jetables et rechargeables – qui n’ont pas toutes le même taux de réussite dans le sevrage tabagique (tableau ci-dessus), impact et dangerosité réelle de la nicotine, addiction supposée au produit pour les non-fumeurs, détention de capitaux du marché de l’e-cigarette par l’industrie du tabac…) plus que par connaissance.
Cet écart entre perception des vapoteurs, et opinion générale est donc à prendre en considération, et, pour l’atténuer, c’est à chaque vapoteur, convaincu par la pertinence de la cigarette électronique, d’être l’ambassadeur de son produit, dans son entourage, ou sur les réseaux sociaux.

Un baromètre européen riche d’instructions sur la prévalence tabagique et la cigarette électronique

Ce baromètre (10Mo, en anglais), porte sur des fumeurs et des ex-fumeurs, et il est très intéressant, à plus d’un titre. À commencer par sa représentativité: 28 000 européens interrogés, soit environ 1000 par pays.

Il faut aussi bien avoir en tête que des pays européens peuvent avoir des législations très différentes au sujet de l’ecigarette. Dans certains pays, comme la Suède, la cigarette électronique est considérée comme un moyen de sevrage tabagique, et ces produits ne sont disponibles qu’en pharmacie ou sur Internet. Dans d’autres, comme le Royaume-Uni, il est fréquent d’acheter sa cigarette électronique au supermarché. Quant à la tolérance sur la publicité ou le droit de vente aux mineurs, dans l’attente de l’application de la TPD dans l’ensemble des 28 états membres, l’homogénéité continentale est loin d’être la norme.

Il permet aussi de comparer chaque pays à la moyenne européenne. Par exemple, afin de mieux relativiser les résultats sur l’influence de la cigarette électronique dans chaque pays, il faut prendre en considération la taxation du tabac de chaque nation (ce dont ne parle pas cette étude). En effet, dans la décision de passer du tabac à la cigarette électronique, le prix du paquet de cigarette ou de l’ecigarette est un facteur important pour 38% des européens. À comparer Grèce et Roumanie, par exemple, c’est une évidence. En Roumanie, là où le tabac coûte relativement peu cher, la vape peut être d’avantage considérée comme un effet de mode avec un côté  plus ‘haut de gamme’ qu’ailleurs, l’argument du tarif étant moins vrai ; alors qu’en Grèce, pays où le pouvoir d’achat a dramatiquement chuté ces dernières années, cela sera d’avantage perçu comme un moyen de réduire sa consommation de tabac, notamment pour les fumeurs invétérés, si ceux-ci sont dans l’incapacité de s’arrêter d’eux-mêmes. Même si, où que ce soit, il n’y a pas qu’une raison qui incite à passer à la cigarette électronique.

Tableau expliquant la première raison de la migration vers la cigarette électronique (source: Eurobaromètre 2015 Commission Européenne)

Tableau expliquant la première raison de la migration vers la cigarette électronique (source: Commission Européenne)

Cet eurobaromètre met également en évidence que pour près de 35% des personnes interrogées, le passage à la cigarette électronique a entraîné une diminution significative ou l’arrêt du tabac. Ce que le tableau ci-dessous ne montre pas, en revanche, c’est, lorsque le vapoteur rechute dans le tabagisme, ce sont les raisons de la reprise, ni la quantité de tabac fumé à nouveau (+ ou – importante qu’avant?).
Peut-être alors, dans telle situation, n’était-ce dû qu’à un mauvais dosage, du à des mauvais conseils? Ou alors, une volonté de passer à la cigarette électronique uniquement en utilisant des e-liquides sans nicotine, ce qui est bien moins efficace que ceux comportant un taux de nicotine?

Baromètre sur la pertinence du sevrage tabagique

Baromètre sur la pertinence du sevrage tabagique, par pays (source : Commission Européenne)

En France, le taux de nicotine dans l’e-liquide compte pour plus de 40% des personnes sondées

Autre tableau très intéressant de cette étude (ci-dessous), qui démontre de fortes disparités culturelles au sein de l’Europe, concerne le choix qui porte vers une cigarette électronique ou un e-liquide.

Si le critère des arômes est naturellement élevé et intéresse 39% des personnes interrogées, si le prix arrive en 2e argument dans le choix porté sur les e-liquides, arrêtons-nous un instant sur le 3e argument: le taux de nicotine.
Le choix de son taux de nicotine est très important pour réussir à dépasser sa dépendance au tabac, si on utilise la cigarette électronique dans une optique de sevrage tabagique. Toutefois, s’il n’intéresse que 27% des européens dans leur ensemble, 40% des français ayant participé au questionnaire s’en montrent intéressés, ce qui nous place en 3e position juste après Bulgarie (45%) et Grèce (43%). Ainsi le chiffre, plutôt faible à niveau européen, laisse à penser que dans certains pays le vapoteur est mal informé ou conseillé. Et cela permet de supposer que les vendeurs-conseillers, et les communautés de vapoteurs (sur forums, entre autre) sont plutôt efficaces dans notre pays, peut-être plus qu’ailleurs. Rappelons aussi que, très généralement en France, un e-liquide de même marque et saveur aura le même prix, qu’il comporte de la nicotine ou non.

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Critères de choix principaux par pays (source: Commission Européenne)

Un autre enseignement notable du tableau ci-dessus concerne l’aspect sanitaire des e-liquides : certains pays (Chypre, Danemark, Italie) y attachent une importance considérable. Alors que dans d’autres, souvent parce que les normes sanitaires sont déjà élevées et globalement respectées, ce critère n’apparaît pas comme un critère d’importance, comme en France, en Allemagne, ou en Finlande,. Et ce, même si les normes européennes sont homogénéisées à ce sujet à travers les 28 pays. En réalité, il s’agirait surtout d’une crainte d’e-liquides commercialisés et importés en Europe, en provenance de pays aux normes moins sûres, ou parfois liés à des scandales sanitaires récents. Au passage, rappelons que la boutique Absolut Vapor se fournit auprès des italiens FlavourArt: les tests et la recherche se ses liquides vont bien au-delà des normes européennes, et sont effectués auprès de laboratoires indépendants, pour une qualité et une sécurité renforcée.

En définitive, cet eurobaromètre est une mine d’informations à plus d’un titre, pour ce qui est de l’état de la vape dans les 28 pays européens.
Nous pourrons regretter la tonalité parfois négative de certains députés européens, telle la rapporteure britannique Linda McAvan sur la TPD au sujet de la cigarette électronique; mais ces statistiques demeurent, dans l’absolu, plutôt encourageants, dans une optique de sevrage tabagique.
Reste dorénavant à savoir si l’application de la future TPD dès mai 2016 permettra aux 28 pays membres de réduire fortement le tabagisme, sans que la cigarette électronique, par effet collatéral, soit aussi moins utilisée. Cela sera tout l’enjeu, tant législatif, politique, que judiciaire, afin d’aider toujours plus de fumeurs à ne plus être dépendants de l’industrie du tabac.

2 réflexions au sujet de « L’Union Européenne publie un baromètre très intéressant sur l’état de la vape en Europe »

  1. bonjour,
    Je ne partage pas votre analyse sur le taux de nicotine. Dans la plupart des pays européens les liquides sont disponibles dans des taux bien plus élevés que chez nous. C’est peut être plutôt par là qu’il faut chercher l’explication du relatif désintérêt pour ce taux dans les autres pays. On n’y a pas l’impression que 18mg/ml c’est beaucoup parce qu’on trouve des liquides jusqu’à 36mg/ml voire plus très facilement. Et donc en l’absence de manque, le taux n’est pas une question. En France, alors que les taux sont limités il y a une course vers le plus petit taux possible et beaucoup de fabricants limitent leur offre en n’utilisant pas la plage légale. Et c’est bien dommage, pour les fumeurs et pour l’industrie. Au UK la part de marché des liquides > 20 mg/ml est d’environ 30%. Bien plus de fumeurs décrochent grâce à la vape qu’en France. Faire sauter la limite des 20 mg/ml ça fait parti intégrante, à mon avis, de la bataille contre la TPD.

    • Tout à fait d’accord avec l’analyse d’Elvapote. D’autant plus, avec les e-cig d’aujourd’hui, plus puissante, nous pouvons plus facilement baisser le taux de nicotine en augmentant le hit. Je suis à o mg depuis 5 mois grâce à des ecigs tel que istick 30w ou IPV2 associés avec des clearo en subohm (j’ai arrêté de fumer depuis 1 an).

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