Cigarette électronique pendant la grossesse, est-ce bien raisonnable ?

Arrêter de fumer quand on est enceinte, plus difficile à dire qu'à faire.

Arrêter de fumer quand on est enceinte, plus difficile à dire qu’à faire.

Toutes les études récentes vont dans le même sens : la cigarette électronique est infiniment moins nocive que le tabac fumé. Que ce soit en terme de toxicité ou d’impact sur le cÅ“ur, elle s’inscrit de plus en plus comme une alternative plus saine pour le fumeur qui n’arrive pas à décrocher. Elle pourrait même être plébiscitée pour ses promesses en terme de sevrage tabagique puisqu’une étude récente a montré qu’elle était au moins aussi efficace que les patchs. Beaucoup de fumeuses qui attendent un enfant se posent la question de l’utilisation de la cigarette électronique à la place du tabac. N’est ce pas aussi dangereux pour le bébé qu’elles portent ? Petit rappel sur la problématique du tabac pendant la grossesse et sur ce qu’on peut attendre de la cigarette électronique.

Près d’une femme enceinte sur cinq déclarent fumer au cours du 3ème trimestre de leur grossesse

Près d'une femme sur 5 déclare fumer en fin de grossesse.

Près d’une femme sur 5 déclare fumer en fin de grossesse.

Alors qu’en 1970, seulement 10% des femmes enceintes déclaraient fumer lors du 3ème trimestre de leur grossesse, elles étaient 25% en 1995. Depuis, elles sont de moins en moins nombreuses d’après l’enquête prénatale mise en Å“uvre par la Direction de la recherche des études de l’évaluation et des statistiques (DREES) et la Direction générale de la santé (DGS) : 20% en 2003 et 17% en 2010. Cela peut s’expliquer par les campagnes de sensibilisation qui pourraient avoir un double effet : celui d’effectivement inciter les futures mères à arrêter de fumer pendant leur grossesse mais également du fait de la pression sociale de mentir.

En effet, les fumeurs sont de plus en plus stigmatisés mais pour l’heure, aucune loi n’oblige les femmes à arrêter de fumer au moment de leur grossesse. Celles qui n’arrêtent pas ne sont pas inconscientes (d’après l’Inserm plus de 90% des femmes savent que c’est néfaste pour l’enfant) mais parfois l’addiction est trop forte. Les pointer du doigt ne fait que renforcer un sentiment de culpabilité qu’elles peuvent vivre difficilement.

Quoiqu’il en soit on peut donc estimer que près d’une femme enceinte sur cinq fume lors du dernier trimestre de sa grossesse.

En fait, sur environ 35% de fumeuses en début de grossesse, un tiers arrêtent de fumer dont 75% pendant le premier trimestre. Parmi celles qui ont arrêté de fumer pendant la grossesse, 3/4 déclarent qu’elles comptent ne pas reprendre par la suite mais en réalité elles ne seront qu’un quart à y parvenir.

Certaines répercutions sur l’enfant du tabagisme des futures mères sont connus depuis bien longtemps, d’autres ne sont pas encore tout à fait claires et font l’objet de recherches.

Les bébés de mamans fumeuses ont un poids de naissance et un périmètre crânien plus faible, le risque de mort subite du nourrisson est multiplié par 2

Fumer pendant une grossesse affecte son déroulement et a immanquablement des conséquences sur  le développement du fÅ“tus et plus tard de l’enfant.

Dès le début de la grossesse fumer accroît le risque de grossesse extra-utérine mais aussi d’avortement spontané pour celles qui fument beaucoup. Par la suite, le tabac peut être responsable de complications responsables de morts du fÅ“tus ou encore de prématurés.

Fumer plus de 20 cigarettes par jour augmenterait également la probabilité de césarienne.

Ne pas fumer pour un bébé en bonne santé

Mais ce qui est presque systématique pour les femmes qui fument est le retard de croissance intra-utérin (Etudié par Hebel et Sexton, 1984) qui a des répercutions sur le poids à la naissance (200 g en moins en moyenne) et également sur le périmètre crânien (Kaminski, 1997). Ces retards sont rapidement visibles lors des premières échographies mais il est important de noter que les fœtus des fumeuses qui arrêtent de fumer dès le début de la grossesses ne sont pas concernés.

Le rôle du monoxyde de carbone et de la nicotine dans le retard de développement du bébé

Sans avoir une certitude absolue puisqu’il faudrait isoler chaque composant du tabac fumé, on attribue la plupart des complications et en particulier le problème de poids à la naissance, au monoxyde de carbone (et parfois au toluène).

Cependant la nicotine pourrait aussi être en cause avec son effet vasoconstrictrice et sa toxicité. De même de nombreux composés de la fumée de cigarette, reconnus toxiques sont souvent pointés du doigt.

Alors la cigarette électronique pendant la grossesse ?

La cigarette électronique ne produit pas de monoxyde de carbone puisqu’il n’y a pas de combustion, s’agissant uniquement de chauffer un liquide. De plus lorsqu’on fait une analyse de la toxicité de la vapeur de liquide pour cigarette électronique sur des cellules des voies respiratoires on n’observe pas non plus de toxicité contrairement à la fumée du tabac. Il semble donc raisonnable de penser que la cigarette électronique serait un moindre mal pour la femme enceinte.

Mais attention, non seulement on ne connaît pas précisément l’effet de l’inhalation du propylène glycol, de la glycérine végétale et des arômes chauffés sur le fÅ“tus, mais en plus certains liquides contiennent de la nicotine supposée responsable de certaines complications. Il faudrait donc des études de cas clinique pour s’assurer que la cigarette électronique serait une alternative réellement plus saine pour les fumeuses n’arrivant pas à arrêter pendant la grossesse.

Vapoter pendant sa grossesse, un choix personnel

Vapoter pendant sa grossesse : probablement mieux que de fumer, mais ce choix  reste avant tout personnel

A noter que selon l’Association Médicale Mondiale il faudrait proposer au femmes qui fument et n’arrivent pas à arrêter des substitut nicotiniques : gommes, patchs etc…lesquels réduiraient les risques pour l’enfant (à noter que la varénicline c’est à dire le champix est à proscrire). La cigarette électronique pourrait être introduite pour aider la femme enceinte à arrêter (voir l’étude récente publié dans le journal international The Lancet qui a montré qu’elle était au moins aussi efficace que les patchs et même davantage lorsqu’il s’agit de réduire la consommation de tabac). L’ordre logique pourrait être de suggérer aux fumeuses enceintes d’essayer d’arrêter sans substitut nicotinique, puis d’essayer avec une cigarette électronique contenant des liquides sans nicotines puis en dernier recours des cigarettes électroniques avec nicotine. Toutefois, il ne faut en aucun cas que la ecigarette soit présentée comme un produit inoffensif qui banaliserait son utilisation par les femmes enceintes. Il est capital que toute fumeuse enceinte, en parle à son généraliste et gynécologue, seul à même de donner un avis médical. Mais en l’absence d’études scientifiques spécifiques sur le fÅ“tus, la décision finale de passer à la cigarette électronique reste un choix personnel qui devrait être envisagé après avoir essayé d’arrêter de fumer par une méthode naturelle.

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Sylvain Filatriau